Cette escapade marseillaise n’était pas prévue initialement, dans le programme que je m’étais concocté en début d’année… Mais les funestes événements familiaux du printemps, en m’éloignant de mes objectifs initiaux (Grand Trophée, Bordeaux-Paris…) conjugués à ma forme et mon envie grandissantes depuis le début de l’été m’ont finalement décidé à revenir pour une 5ème participation sur l’ultra médiatique cyclosportive « Les Bosses du 13 », qui fêtait cette année son 20ème anniversaire, en présence notamment de l’ancien professionnel et septuple meilleur grimpeur du Tour de France Richard Virenque, des coureurs professionnels Rémy di Grégorio (VC La Pomme Marseille), Yoann Bagot et Edwige Pitel, et de Nathalie Simon, déjà rodée car de mémoire elle était déjà marraine de l’épreuve lors de ma première venue en 2007.
Le parcours mythique des Bosses du 13
Cette année, j’ai revêtu une nouvelle fois les couleurs de la Patrouille Eco Cyclo, en compagnie du néo Champion du Monde UCI des 50/54 ans Jean-Luc Chavanon et de mes autres amis patrouilleurs.
Au départ des Bosses du 13 avec la Patrouille Eco Cyclo (crédit photo : Eco Cyclo)
Et avec Rémy Di Grégorio, Richard Virenque & Nathalie Simon
La journée s’annonce belle, malgré la tiédeur et la moiteur matinales, le thermomètre affiche déjà 20°C une heure avant le départ, une extrême douceur pour une veille d'automne…
Traditionnellement, je me paie le luxe de reculer dès le neutralisé de 2 km entre le sas de départ dans le parc de la faculté de Luminy et le départ réel situé au pied du col de la Gineste… Or, cette année, les VIP accompagnés des patrouilleurs ont le privilège de parcourir cette portion en toute décontraction et d’aller se positionner devant l’arche de départ avant même que les participants aux 2 grands parcours ne soient lâchés !
Départ réel des Bosses du 13 (crédit photo : La Provence)
Au top départ, ça remonte très rapidement de l’arrière pour prendre les bonnes roues, je me fais violence, malgré des jambes qui me semblent bien lourdes, pour rester dans le sillage du premier groupe… Au terme des 4 km de montée à froid, je bascule avec quelques dizaines de mètres de retard sur un groupe compact d’environ 60 unités, que je rejoins sans forcer inutilement.
Dans la Gineste au départ (crédit photo : F. Pondevie)
Tout va bien donc, la descente sur Cassis, tant redoutée, n’est pas trop désastreuse, même à l’arrière du groupe à 60 km/h, je réintègre le peloton au pied du Pas de Belle Fille, tout en vélocité, et je parviens à passer cette petite difficulté (2,5 km) in extremis en faisant monter le cœur à 171 bpm, ce qui sera mon maximum pour l’épreuve…
Nouvelle descente sur La Ciotat, je l’appréhende tout autant que la précédente, ça va très vite, mes trajectoires sont rendues hasardeuses par le stress et la peur de me faire percuter par ceux qui descendent plus vite… Par bonheur, alors que je commence à faire une croix sur mes illusions, je retrouve à l’entrée de La Ciotat le groupe au grand complet, qui a nettement ralenti l’allure. Sauvé pour cette fois !
Avec ce groupe où se trouvent les amis Guillaume Cloitre, Rémi Piat ainsi que d’autres connaissances, nous traversons une des rares zones urbanisées du parcours, en direction de Ceyreste, où la difficulté suivante nous attend, tout d’abord la traversée du bourg avec une pente moins avantageuse pour moi, mais finalement c’est plutôt la suite de la montée, moins raide et plus régulière qui va faire éclater le groupe très rapidement. En mauvaise posture à l’arrière du peloton, cerné quelques dizaines de secondes par les premiers lâchés, j’arrive à m’extraire – un peu tard - et commence à remonter, mais le rythme devant est trop rapide, je parviens seulement à rejoindre un groupe un peu plus conséquent, une bonne vingtaine de concurrents probablement sont dans un peloton plus avant. Dans les premiers lacets de Ceyreste, je passe un Thomas Becarud qui peine à trouver son souffle, lui enjoignant de prendre ma roue, sans effet… Nous constituons finalement un groupe d’une quinzaine, je rame un peu pour trouver mon second souffle… C’est pire encore au sommet, lorsqu’il faut embrayer sur la route du Castellet, très vallonnée…
Je roule 30 mètres en retrait, et cela devient pire encore lorsque nous sommes repris par un escadron d’environ 10 autres poursuivants, le rythme s’emballe encore un peu plus, je souffre mais rentre finalement au moment de virer dans la descente vers Cuges-les-Pins.
Montée de Ceyreste
Alors que je commence à m’inquiéter sur mon état de forme, peut-être dû à un départ en léger surrégime, l’ascension courte du Col de l’Ange passe finalement bien.
Comme d’habitude, je m’amuse à faire l’élastique pour rejoindre Gémenos, provoquant les foudres de ceux qui se trouvent derrière moi, les pauvres ! Une très légère bruine me contraint à ce moment à lever la visière de mon casque, heureusement cet incident climatique ne sera que de courte durée !
A Gémenos, c’est encore un bon peloton d’une cinquantaine de concurrents qui doit choisir son parcours, le 136 km en continuant tout droit ou le 164 km en prenant à droite vers le Col de l’Espigoulier. Et c’est bien la première fois que je vois une bonne moitié du peloton prendre l’option grand parcours. Malgré tout, très rapidement au bout de 2 km, le groupe s’étiole et se disloque véritablement en plusieurs morceaux, un groupe part devant avec Guillaume, je peine à suivre le rythme du gars qui emmène le second, jusqu’à ne rester qu’avec un seul compère, Florent Drouet, venu y remporter sa catégorie au Trophée Label d’Or, la même où Guillaume d’ailleurs vient y chercher une seconde place.
Est-ce le rythme un peu élevé (Strava m’indiquera que cette montée de l’Espigoulier est la plus rapide que j’ai effectuée) ou la fatigue qui se fait sentir, je ne parviens pas à trouver le coup de pédale idéal, même dans la portion en lacets qui me plaît bien d’habitude… A 2 km du sommet la moto de Frédéric Pondevie du magazine « Le Cycle » me passe, Fred m’encourage, mais je suis dans le dur… Pas bien longtemps, je trouve la force de faire le dernier kilomètre à bloc, il est très roulant et je ne vais pas me priver de ce plaisir, mon compagnon de route en aura peut-être été surpris…
A 2 km du sommet de l'Espigoulier (crédit photo: F. Pondevie)
Pas trop d’espoir désormais de reprendre le groupe devant. Sur le bas-côté peu après le carrefour de La Coutronne, par où revient le moyen parcours (dont je n’ai pas vu la tête de course cette année, signe que je suis en meilleurs posture que d’habitude), je trouve Guillaume arrêté et en délicatesse avec une chambre à air défectueuse. Comme il me dit qu’il va faire demi-tour, je lui tends les clefs de la voiture pour qu’il n’attende pas mon arrivée pour se changer…
Je retrouve Florent un peu plus loin à Plan d’Aups-Sainte-Baume, et, bien qu’il m’annonce qu’il préférerait attendre un groupe derrière, j’entreprends dans la portion relativement plate avant la descente sur Nans-les-Pins, de me mettre en position de recherche de vitesse, souvent ça me permet de débloquer les jambes… Du coup Florent m’emboîte le pas et au terme de la descente sur Nans, nous reprenons 2 des membres de notre groupe de l’Espigoulier, tandis que derrière 2 concurrents nous rattrapent. Nous sommes donc 6 pour la portion assez vallonnés entre Nans-les-Pins et Saint-Zacharie, ça relaie très bien à 6 puis à 5 jusqu’au pied de la difficulté suivante, que j’aime tout particulièrement, au cœur du massif de pins de la forêt du Défens au cœur du Massif de la Sainte-Baume.
La montée est assez irrégulière, avec de longs replats et même une portion descendante, puis la route se relève pour s’achever par des pourcentages assez rudes, autour de 10% sur les 2 derniers kilomètres. La montée semble faire peur à tout le monde, je commence à entendre des « on s’attend » ou encore « on s’arrête pour boire »… Pas bon tout ça ! Florent lui, est quelques mètres devant, je choisis de le suivre et bien m’en prend car au beau milieu de la montée, quelqu’un me tape sur l’épaule en m’encourageant : c’est Thomas qui a retrouvé des jambes et le moral, suivi de Patrick Schwab toujours vaillant et bien placé dès que ça monte ! Il est temps de sortir de ma léthargie, nous constituons au final un bon groupe d’une dizaine pour terminer la partie la plus difficile, où je me rends compte finalement que la forme est bien là.
Sur la partie retour de l’Espigoulier, que nous montons en sens inverse de l’aller sur 3 km, je prends un relais que je pensais anodin à Thomas à 1 km du sommet pour booster un peu le groupe, lorsque je me retourne au sommet, ça n’a pas suivi, je temporise pour attendre… Mauvaise pioche, j’aurais dû y aller franchement pour commencer la descente seul, car à peine franchi le sommet, Thomas prend la poudre d’escampette, c’est un redoutable descendeur, nous ne le reverrons qu’à l’arrivée.
Ma descente est nettement moins mauvaise que d’habitude, je contrôle le reste du groupe à quelques mètres de distance, nous repassons dans Gémenos et reprends la direction des opérations dans le long faux-plat descendant vers le ravitaillement au pied du col de l’Ange, aidé par le vent favorable. Puis dans le col de l’Ange, nous dépassons un Richard Virenque esseulé, que mon « Allez Richard » lancé en le doublant semble réveiller ! Le manque d’entraînement se fait sentir, à moins que ce ne soit les kilos superflus !
Il reste encore la montée des Bastides, ça relaie bien, elle n’est jamais facile avec des pourcentages irréguliers, puis à l’approche de Roquefort-la-Bédoule, nous reprenons un gars que j’ai eu par 2 fois déjà l’occasion de reprendre, d’abord dans la première montée de l’Espigoulier puis avant la descente de Nans-les-Pins, sans jamais y parvenir. Alors je passe la surmultipliée pour le rattraper, c’est chose faite avant le contournement de Roquefort. Dans le dernier monticule avant l’entrée dans Roquefort, je retrouve Guillaume sur le bas-côté, qui me tend mes clefs de voiture, il a de nouveau percé et finalement rentrera avec la voiture balai.
Vient ensuite l’épisode comique du relais trop appuyé, dans un petit lacet avant la descente sur Cassis, Patrick se trouve à l’avant du groupe et me vient l’envie de l’aider, il redoute peut-être qu’un groupe revienne de l’arrière avec des concurrents dans sa catégorie d’âge… Je prends le relais, peut-être un peu trop appuyé (lol), si bien que, comme dans l’Espigoulier retour un peu plus tôt, je creuse involontairement l’écart… Et voilà qu’un abruti fini aux couleurs de l’UC Grasse vient me dire vertement ce qu’il pense, insultes à la clef !!
Au-delà du comportement et des propos tout à fait inappropriés du gus, il faudrait savoir ce que l’on veut, soit on fait du cyclosport, soit on fait du cyclotourisme ! Et dans ce cas on ne prend pas le départ d’épreuves chronométrées !
Enfin, je reste tranquillement derrière du coup, il reste alors 15 km et le col de la Gineste en digestif, certainement avec le vent de face… La Gineste, nous l’abordons à 6, Florent n’est plus avec nous, j’hésite longuement à reprendre un relais alors que je sens que je suis en grande forme sur cette fin d’épreuve… Au terme de la partie la plus difficile, n’y tenant plus, je retourne à l’avant et tout le monde collabore bien dans les rotations au point que notre fada de service lancera un « c’est bien, ça tourne bien » Mais de quoi je me mêle, il est là pour donner les bons points et les mauvais points celui-là ???!
Col de la Gineste et début de la descente vers Marseille, avec Patrick en blanc & noir
La progression vers le Col de la Gineste est rendue bien compliquée par le vent, mais nous basculons enfin vers Marseille, je fais la descente à ma main, sans stresser, je reste tranquille aux abords de la Faculté de Luminy, il reste cette arrivée que je n’ai pas reconnue, au cœur de la Faculté avec une dernière ascension assez raide. Il doit me rester encore un paquet de Watts, car j’ai l’impression de voler dans cette arrivée où je trouve de la force et de la vélocité pour régler le sprint, encourageant au passage le sociétaire de l’ACBB qui se trouve dans le dernier virage avant l’arrivée ! Malheureusement le temps officiel tenant compte également du passage des puces sur la ligne de départ, la 30ème place que j’aurais pu espérer se transforme en 32ème place (6ème dans la catégorie), ce qui est tout de même une progression par rapport à ma 39ème place de 2010 !
Les Bosses du 13 restent une épreuve très agréable et un peu particulière dans le paysage cyclosportif français, c’est à la fois une sorte de championnat pour les cyclistes du sud et il y règne un peu une ambiance de fin d’année scolaire, sans compter que la cérémonie de remise des récompenses avec les podiums du Trophée Label d’Or et la célèbre tombola animée par un Sergio de choc rendent l’après course particulièrement attrayant.
Classements 2014
Lauréats du Trophée Label d'Or 2014
Affiche de l'édition 2014