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6 août 2012 1 06 /08 /août /2012 09:28

 

Absent l'an dernier en raison d'obligations professionnelles, il me tardait de revenir dans l'Oisans pour tenter de faire mieux que mes 2 premières participations en 2009 et 2010. C'est un peu d'ailleurs une sorte d'obsession permanente partagée par de nombreux participants récidivistes que d'améliorer son temps sur cette difficile épreuve...
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8h54 en 2009 pour ma découverte de la Marmotte, 8h39 en 2010 (sans retirer le temps de descente du col du Glandon) avec un gain de temps minime et navrant après avoir perdu pied dans l'Alpe en gérant très mal l'aspect ravitaillement, je pars cette fois avec la certitude que je ne peux que faire mieux que cela...
 
J'ai toujours en tête ce que les habitués des 3 Ballons et de la Marmotte disent : "temps 3 Ballons = temps Marmotte à quelques minutes près" et j'aimerais bien me faire mentir lorsque je dis que ça ne m'est pas applicable en raison du rapport poids/puissance qui m'est clairement défavorable sur les fortes pente des Alpes... Pourtant avec 7h26 sur les 3 Ballons 2012, je peux entretenir l'espoir...
 
Ayant passé la semaine avec Laurent Grisel dans l'Isère après avoir participé au Défi des Fondus de l'Ubaye à Barcelonnette le week-end précédent, et effectué 2 sorties dont une sortie longue de 130 km dans le Trièves en me limitant à 80% de ma fréquence cardiaque maximale, je suis suffisamment reposé et acclimaté pour cette 3ème tentative.
La veille au retrait du dossard, j'ai pu faire changer un rayon de ma R-Sys avant qui était fissuré, c'est préférable pour ôter toute appréhension superflue, notamment dans les descentes qui représentent sur la Marmotte près de 70 km cumulés sur les 174 de course...
 
Seule la nuit précédant l'épreuve a été assez mouvementée, dans un hôtel pourtant classé 3 étoiles des 2 Alpes, mais dont 2 d'entre elles sont pour le moins galvaudées... Impossible de dormir en raison d'une mauvaise insonorisation, d'une literie inconfortable et d'une chaleur étouffante dans les chambres.
 
Préparatifs hâtifs et entrée dans le sas (le 2ème, avec le dossard 892) assez tardivement. Avec Laulau, nous remontons comme nous le pouvons sur le trottoir, cela change des 2 premières fois où nous avions un dossard prioritaire.

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Au départ dans les sas
  
Nous pouvons nous élancer à 7h08, soit 5 mn après les premiers, et dans un rythme qui n'a rien à voir avec ce que je connaissais... C'est une progression presque tranquille, sans danger, sur une route entièrement fermée. Sauf que Laulau est déjà à l'ouvrage en prenant des roues très rapides... Je ne vais quand même pas me laisser faire sans réagir... Eh bien jusqu'à Allemont je vais devoir m'employer pour juste rester à quelques dizaines de mètres du groupe... Ce n'est pas vraiment le mieux avant d'entamer la montée du Glandon... Dans le lacet menant au barrage, je reviens à sa hauteur... Eh oui, toujours là !
  
Après cette rapide mise en jambes, le premier gros morceau, le Glandon... Sur ce versant, c'est le bas qui est le plus dur, après une longue approche roulante, ça monte sec, à plus de 10% avec parfois un replat ou un répit et surtout cette traversée du Rivier d'Allemont dans laquelle on peut reprendre de la vitesse. Alternant danseuse et selle, en respectant la règle que je me suis fixée de ne pas dépasser 158 bpm, je grimpe sans faiblir, un peu surpris même quand je jette un coup d'oeil sur le compteur pour voir les pourcentages. J'use déjà mon 39x28 au plus fort de la pente, mais j'arrive à mouliner très correctement. Après le Rivier, c'est cette descente assez vertigineuse où je prends les roues de mon groupe constitué au Rivier, sans perdre le contact. En levant les yeux, on aperçoit la route remonter de l'autre côté, et il y a une ambulance arrêtée avec un petit attroupement... En arrivant à sa hauteur, elle est sur le point de repartir, alors que l'on est au plus fort de la pente, 13%...
C'est encore assez difficile sur 5 km, jusqu'au niveau du barrage de Grand'Maison, où on retrouve une pente bien faible et même 3 bons km effectués très rapidement... Sur cette portion là, je suis même beaucoup plus efficace que ceux qui me doublaient encore quelques hectomètres avant !

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Barrage de Grand Maison

Encore 3 km avant le col, je suis dans un bon timing, concentré sur la pente qui s'accentue à nouveau, quand quelqu'un m'interpelle à ma droite : ce n'est autre que Laurent Clément ! on se croise souvent sur les belles cyclos, on échange quelques mots presque jusqu'au sommet, il m'explique qu'il aimerait mettre moins de 8 heures... Moins de 8h, je n'ose même pas en rêver !!


Derniers km du Col du Glandon

En passant le col du Glandon, j'ai 1h44 au compteur, soit 2 mn de moins qu'en 2010, ce sera confirmé par le pointage officiel en 1h43'33. Mais jusque là, mes temps au Glandon ont toujours été acceptables, ce n'est pas là que ça se joue pour moi...

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Dans le Glandon...

La descente du col du Glandon, depuis 2010, est neutralisée. Le temps pris entre le sommet et Saint-Etienne de Cuines à l'aide des puces électroniques, est décompté à l'arrivée pour donner le temps officiel. Tout cela parce que quelques irresponsables prennent des risques insensés pour eux-mêmes, mais aussi pour les autres. Pourtant la route est très étroite sur près de 8 km et devrait inciter chacun à la retenue...
Et en dépit de cette neutralisation, cette année je n'ai jamais autant vu de gamelles et de coureurs sur le bas-côté... L'un d'eux, hagard, à genoux sur la route et se tenant l'épaule, son vélo retourné le guidon planté dans l'herbe...
Ce n'est pas faute d'avoir prévenu ni d'avoir mis en place un dispositif sécurité assez important, sans commune mesure avec mes éditions précédentes : presque un signaleur par virage dans les premiers km de la descente ! C'est assurément la sécurité le point positif de l'épreuve cette année...
  
Neutralisée ou pas, de toute façon pour moi la descente est pépère... comme bloqué dans les premiers km : route étroite, fondus qui doublent sans visibilité, chutes en pagaille, je descends sans prendre aucun risque... jusqu'à Saint-Colomban où la route devient plus large, mais où également un gros paquet me double à une belle allure. Une décision rapide s'impose et je décide de prendre la suite : il est toujours utile d'avoir un groupe pour rouler dans la Vallée et ne pas être trop entamé pour enchaîner le Télégraphe et le Galibier.
Je mesure là mes progrès en descente, je ne serai jamais en difficulté jusqu'à Saint-Etienne de Cuines, je gère parfaitement ma descente dans ce bon groupe d'une quinzaine d'unités, avec beaucoup de passages nécessitant un pédalage appuyé.
  
A Saint-Etienne au bas de la descente, nous formons donc un bon groupe ce dont je me félicite intérieurement : tout roule !
Sauf que... tout occupé à prendre quelques photos et à manger quelques bouts de barre énergétique, au détour d'un léger virage en sortie de Sainte-Marie, je m'aperçois que je suis dans un groupe de 5/6... qui vient de se faire larguer du reste du peloton ! Manque de vigilance que je vais payer cash : 4 à 5 minutes de retard à Saint-Michel, au bas mot... Et pire, décidant de ne pas tenter de revenir seul (alors que je m'entraîne à Longchamp assez souvent pour pouvoir résister longtemps seul derrière un peloton), je suis quand même obligé entre Saint-Jean-de-Maurienne et Saint-Michel d'entretenir l'allure, plus personne ne voulant rouler... Avec le vent de face, les affaires sont moins bien embarquées du coup...
  
Saint-Michel de Maurienne, me revoilà au pied du Télégraphe avec un peu d'appréhension : si lors de l'Etape du Tour Modane/Alpe d'Huez en juillet 2011, j'y ai réalisé mon meilleur chrono, j'ai beaucoup souffert un mois plus tard sur la 3ème étape de la Haute Route, assomé par le vent, la chaleur et la fatigue.

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Saint-Michel de Maurienne, pied du Télégraphe

J'entame la montée prudemment, sans tenter de suivre les plus rapides, toujours avec l'objectif de ne pas dépasser 80% de ma FCM et en profitant de chaque atténuation de la pente pour accélérer. La montée n'est pas mirifique, mais je ne connais pas le coup de mou qui pourrait me faire douter. Au terme des 12 km d'ascension, j'aperçois sur la droite le maillot du TC Morangis... Un coup d'oeil, je reconnais Romain Blum, que je croyais loin devant... Je ne l'ai pas vu me doubler peu de temps avant, la concentration sans doute !! Par contre, j'ai bien aperçu et salué Florent au cours de l'ascension, en pleine préparation de la Haute Route 2012.
  
Au sommet du Col du Télégraphe, mon compteur affiche 3h45, contre 4h02 en 2010... On estime que le temps au Télégraphe est à multiplier par 2 pour donner le temps Marmotte... Sauf que jusque là c'est dans la 2ème partie que j'ai perdu beaucoup de temps... Restons prudent !!
  
Je profite du début de la descente sur Valloire pour manger un bout de barre et boire un peu, puis je remets les gaz... momentanément ! Je double un gars portant le maillot de leader du Grand Trophée... Quelques tours de moulinette dans le cerveau et je réalise que c'est Patrick Schwab ! Du coup je ralentis et le laisse revenir sur moi, il n'est pas en grande forme et de son aveu même il a eu beaucoup de mal dans le Télégraphe. Nous faisons la descente ensemble et je le laisse à la sortie de Valloire.
A cet endroit, il reste 18 km d'ascension pour parvenir au col du Galibier. Mon appréhension s'est atténuée, ma vitesse n'est pas sensationnelle, mais au moins je ne me traîne pas comme sur la Haute Route ! Je délaisse le ravitaillement des Verneys, j'ai suffisamment de quoi manger sur moi et mes bidons sont loin d'être vides. Il n'y a pas de groupe à prendre, malheureusement, mais hormis les 2 km de presque plat après les Verneys, de toute façon la pente est trop importante pour profiter d'un effet de groupe. Jusqu'à Plan Lachat, c'est en effet une succession de gros faux-plats et de vrais pourcentages entre 6 et 8%. Pas si facile que cela en réalité. Heureusement le vent n'est pas très gênant, et le panorama est splendide, je crois que c'est la première fois que je peux l'admirer ! Cette fois-ci, c'est Daniel Renou du Versailles Sportif que je rattrape juste avant Plan Lachat.

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Vue de la première rampe après Plan Lachat

 Après Plan Lachat, ça se complique : je m'arrête au ravitaillement en eau pour boire un verre et remplir l'un de mes bidons. Je redémarre et après la première rampe, c'est le vent qui devient extrêmement perturbant, pédaler devient une lutte contre le vent et contre la pente. Même le passage aux Granges que j'aime bien d'habitude, m'est plus difficile cette fois. Les 2 derniers km sont éprouvants, sans sombrer totalement, je sens que je plafonne, d'ailleurs je suis beaucoup plus doublé que l'inverse. Cette avant-dernière portion de 500 mètres est très difficile à passer, je suis bien heureux de passer au col pour pouvoir m'arrêter au ravitaillement et détendre un peu les jambes et le dos.

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Col du Galibier, mon compteur indique 5h26, alors qu'il affichait 5h48 en 2010 ! C'est encore assez peu significatif, tout dépendra donc des 2 dernières portions importantes où j'avais manqué d'efficacité la dernière fois : la descente vers le Bourg d'Oisans et la montée de l'Alpe d'Huez.
  
Au point ravitaillement où je m'arrête contrairement à mes habitudes, à moitié chancelant, je fais le plein de pâtes de fruits et j'engloutis 2 verres de Coca et je repars, un instant après avoir vu passer Daniel Renou que je sais parfait descendeur... Je me fais violence pour faire une bonne descente, malgré quelques bourrasques de vent et des voitures dont certaines refusent de se laisser dépasser ! Faut-il croire que ma peur habituelle est désormais envolée, je parviens à doubler l'une d'entre elle avant de bifurquer au Col du Lautaret, où la route devient plus large et bien plus agréable... J'essaie de soigner mes trajectoires et ma position, même si j'alterne mains sur les cocottes et mains en bas du guidon, je ne parviens toujours pas à freiner les mains en bas...

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Entre le Galibier et le Lautaret

Après avoir roulé seul comme un forcené, y compris dans les tunnels très mal éclairés, mais très bien indiqués par des signaleurs à l'entrée de chacun d'entre eux, je reviens à hauteur d'un bon groupe un peu après la traversée de La Grave, et je sais que des plus rapides sont pas très loin devant... Mais ça ne roule pas comme je le souhaiterais et il me faut éviter des efforts inutiles, comme sur l'Etape Modane/Alpe d'Huez où j'avais fini au pied de l'Alpe un peu trop entamé...  Finalement on se retrouve à une vingtaine à l'approche du Lac du Chambon, avant les quelques petites côtes qui cassent bien le rythme et les jambes !
  
Enfin Bourg d'Oisans, je délaisse le dernier gros ravitaillement et je franchis la zone de contrôle qui marque le début de l'ascension de l'Alpe d'Huez. Contrairement aux éditions 2009 et 2010, la chaleur n'est pas aussi étouffante. Malgré tout, je ressens toujours cette absence d'air et la route est très souvent exposée au soleil qui me brûle les bras et le visage. Mon 39x28 est un peu juste, je n'arrive pas à mouliner suffisamment, ma vitesse s'en ressent, dépassant rarement les 11 km/h. Et ces maudits virages presque plats ne me permettent pas de me relancer. Au contraire, je reste planté à la sortie de chacun d'entre eux !
Comme d'habitude, je m'arrête aux 2 points d'eau de La Garde et Huez, c'est purement psychologique, je pourrais parfaitement m'en passer, c'est plus un prétexte pour arrêter de pédaler !! A l'occasion de ces arrêts, je croise et recroise Daniel, qui finalement s'arrêtera à une fontaine sur le bord de la route à 5 km du sommet... Les derniers km semblent bien longs, malgré la vue sur la station, qui semble si proche !

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2 km, peu avant d'entrer dans la station, j'entends un encouragement de la part d'un gars qui redescend en vélo : je n'ai pas bien vu, mais il me semble que c'est Guillaume Eschard, dont le profil se prête mieux que le mien à ce genre d'épreuve ! Puis un peu galvanisé par l'optique d'une arrivée proche, j'accélère et relance la machine pour finir le mieux possible, mon compteur indiquant environ 7h50 peu de temps avant l'arrivée, soit bien mieux que je ne l'espérais au départ !

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A l'arrivée

7h52 en franchissant la ligne, j'ai bon espoir de passer dans les 1000 premiers classés.


Côté fatigue, je suis assez surpris de ne pas être trop entamé, ce qui est une bonne chose en vue de l'Etape du Tour Albertville/La Toussuire du lendemain. Bien moins fatigué qu'à l'arrivée des 3 Ballons en juin.
  
Le classement final donne une 721ème place sur 6037 classés (environ 7000 inscrits) pour un temps de 7h24'08 (temps de descente du Glandon décompté). Le gain de temps est d'environ 45 mn, et j'ai bien identifié certaines séquences où je suis encore en mesure de gratter quelques précieuses minutes, notamment la progression dans la Vallée de la Maurienne et la montée de l'Alpe, toujours assez moyenne avec 1h19 d'ascension....


Récap Marmotte
Le récap officiel...
  
Je constate que le niveau augmente d'année en année, tant sur la qualité des participants, que sur le niveau de préparation de ceux-ci. Le taux d'arrivants est assez important pour une aussi difficile épreuve, et quant au niveau, avec le même temps en 2010, j'approchais les 500 premiers.
C'est néanmoins une grande satisfaction personnelle même si c'est encore loin d'être une performance exceptionnelle, j'ai fait des progrès dans la gestion de ma course... à confirmer en 2013 !

A voir mon compte-rendu sur le site du Cyclisme pour Tous

 

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