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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 22:46

Fiche technique

 

Epreuve : Défi des Fondus de l’Ubaye 2011

Lieu : Barcelonnette (Alpes de Haute Provence)

Date : Samedi 25 juin 2011

Circuit : 7 cols – 309 km

Difficultés : Col de Vars (2108 m), Station Ste-Anne-la-Condamine (1890 m), Cîme de la Bonette (2802 m), Cols de la Cayolle (2326 m), d’Allos (2247 m), de Saint-Jean (1333 m) et de Pontis (1301 m)

Dénivelé : 7100 m

Temps officiel : 15h05 (temps du vainqueur : 12h12, Michel ROUX) – temps roulé : 14h02

Lien fichier Garmin : link

 

Affiche-DFU.jpg

L'affiche de l'édition 2011

 

Compte-rendu

 

J’aime de plus en plus, après bientôt 6 ans de vélo, cette idée de relever des défis un peu tordus…

Et donc après m’être bien promis à l’issue de ma première participation l’an dernier qu’on ne m’y reprendrait plus, je n’avais plus qu’une idée en tête en début d’année : retourner à Barcelonnette prendre ma revanche sur moi-même et sur les éléments.

 

Parce qu’en 2010, ce fut une terrible frustration que d’être interrompu dans la quête improbable des 7 cols…

D’accord, mon idée première était d’en faire 5 (Pontis, St-Jean, Allos, Cayolle et Bonette)…

D’accord, je ne suis pas sûr a posteriori que j’aurais eu la capacité et la volonté d’aller au bout sans cet épisode météo dantesque…

Mais après avoir à peu près bien géré un départ assez rapide sur les pentes des cols de Pontis et de Saint-Jean, et limité les dégâts dans les longs cols d’Allos et de la Cayolle, j’avais eu la très mauvaise idée de faire honneur au repas servi au contrôle PC de Barcelonnette, avant d’affronter le col de la Bonette… La salade de riz et l’arrêt un peu long m’avaient littéralement plombé durant une bonne moitié de la montée. Et s’il faisait encore un bon 35°C à Jausiers avant l’entame du col, l’orage qui menaçait pourtant depuis mon passage en haut de la Cayolle finissait par éclater peu avant mon arrivée sur la cime de la Bonette. M’obligeant à descendre sous les trombes d’eau, la grêle, les éclairs en petite tenue d’été alors que la température était tombée à 5°C… Une descente en grelottant, à 20 km/h de moyenne, avec 3 arrêts pour essayer de me décongeler les mains, crispées sur les cocottes et encaissant des décharges électriques au moindre mouvement… Plus d’une heure avait été nécessaire pour parvenir à Jausiers où je n’avais plus qu’une envie, rentrer au bercail ! J’en étais donc resté à 5 cols, 253 km et 5200 m de dénivelé positif… Un peu contrarié…

 

Cette année, j’arrive avec beaucoup plus de dénivelé dans les jambes, mais bizarrement, l’objectif de 7 cols m’apparaît de moins en moins accessible, le doute s’installe dans mon esprit au fur et à mesure que l’événement se rapproche.

Je retrouve la veille au « Gite Tranqyl » les amis Denis, Ghislaine, Robert, Fred, Laulau et Stevan qui, autour du roboratif plat de Gnocchi, se motivent, chacun échafaudant son plan de bataille pour le lendemain, chacun selon son niveau.

 

Nuit blanche ou peu s’en faut, lever difficile aux aurores, à 4h15, pour un petit déjeuner au Gite, très copieux et j’en profite, sachant que mon alimentation sur le vélo est toujours très moyenne…

 

Nous retrouvons les quelques 160 participants devant la salle des fêtes de Barcelonnette. Il fait assez frais, j’ai mis un maillot manches longues et le coupe-vent, et j’ai pris soin de prendre un Camelbak avec le maillot court et tout le nécessaire de réparation au cas où…

J’attends le départ avec Laulau, Isa et Jean-François, qui veulent également tenter les 7 cols dans la journée. J’hésite toujours à ce moment entre 5 et 7, je crois bien qu’il suffirait d’un seul grain de sable pour me faire renoncer aux 7 !

 

CIMG3187.JPG

Au départ - photo Michel Aubriot

 

5h35 : après les dernières recommandations de l’organisateur Claude Véran, et le premier poinçonnage de la carte de route, c’est parti !  Départ assez rapide, car après à peine 1 km, un groupe s’est déjà détaché. J’accélère pour le rejoindre, suivi de près par Philippe et Gilbert, autres sociétaires de l’ACBB dont je viens de faire la connaissance !

 

Départ DFU

Le départ à Barcelonnette, avec Isa juste derrière ! 

 

Le peloton déjà morcelé progresse tranquillement sur ce long faux-plat menant au pied du col de Vars… Michel Aubriot navigue d’avant en arrière du peloton pour prendre des photos, l’ambiance est bon enfant et décontractée. Puis c’est Sébastien Gissinger qui vient se porter à ma hauteur et discuter un moment avant de repartir seul vers le groupe de tête… Tiens, j’avais pas fait gaffe qu’il y avait encore un groupe devant !!

 

CIMG3201.JPG  CIMG3222.JPG

Sur la route de Vars - Photos Michel Aubriot (CCK)

 

  DFU route de Vars 107.JPG

Stevan à droite, mal réveillé ?

 

Col de Vars – 2108 m,

 

Col_de_Vars_Les_Gleizolles_profile.jpg

 

Voilà la bifurcation vers le Col de Vars, 15 km dont seuls les 8 derniers sont délicats. Ca monte assez rapidement vers Saint-Paul, puis la pente augmente jusqu’à un replat d’un km environ mais après, c’est une autre histoire… Je me sens bien, le paysage avec ce lever de soleil est splendide. Le vent en revanche est déjà assez prononcé, nous l’avons dans le dos dans certains lacets. Le sommet est en vue, 30 km de parcourus et 1h36 de route. Le temps de faire une petite photo avec Philippe et Gilbert devant le panneau routier et c’est parti pour une belle descente, dans le sillage de Stevan, que je sais bon descendeur. C’est un régal que cette descente, la route est propre, permet de belles trajectoires et de prendre une bonne vitesse, ce qui m’est inhabituel. Sur le bas en faux-plat, il faut relancer, et avec Stevan nous nous relayons régulièrement.

 

Col de Vars

Le lever de soleil sur le Col de Vars...

 

Station Sainte-Anne – La Condamine – 1830 m

 

La Condamine-Châtelard, on tourne à droite en direction de la station de Sainte-Anne. Ca monte de suite, et avec des pourcentages frisant les 12% par endroits, jamais moins de 8%. Je fais la montée dans le sillage de Philippe ; Stevan et Gilbert sont décrochés. Heureusement nous sommes protégés du vent, mais le revêtement de la route laisse souvent à désirer, avec de nombreux gravillons qui ne faciliteront pas la descente.

 

P1020733.JPG

Pointage à Sainte-Anne

  

Les chiffres au sommet : 54 km parcourus, 2h31 de selle et pointage de la carte à 8h12.

 

Ma descente est très prudente, je n’ai plus qu’une envie, satisfaire un besoin pressant qui m’encombre l’esprit depuis le départ…

Jausiers, quelques km plus loin, et le premier gros ravitaillement, que je délaisse – déjà ! – pour me diriger vers les toilettes de fortune situées un peu en amont. Il était temps ! Avec les cales, ce n’est pas très pratique…

J’en profite pour remplacer le maillot manches longues par le court avec manchettes, tout en conservant le coupe-vent.

 

Col et cime de la Bonette – 2802 m

 

Col-de-la--Bonette.jpg

 

Depuis 2009, c’est ma 3ème montée de la Bonette, une par an, toujours dans le même sens. C’est un de mes cols préférés avec l’Izoard, je le trouve superbe, surtout dans sa seconde partie. Cette année, je ne risque pas d’y prendre l’orage, le ciel est bleu, pas un nuage à l’horizon, la température est clémente, juste ce qu’il faut…

24 km d’ascension et dès le départ j’ai de nouveau pour compagnie Philippe, Gilbert et Stevan. Nous progressons de concert, sans trop forcer, en essayant de profiter du paysage. Nous ne sommes pas seuls, un groupe de cyclistes italiens avec l’estafette d’assistance en découd également avec la pente. Vers le 7ème km, j’entends Stevan qui s’adresse à l’un d’eux ; un coup d’œil sur ma droite et la surprise du jour : c’est bien Claudio Chiappucci qui est à côté de nous !  Il y a à peine 2 semaines, j’étais sur sa cyclosportive à Arnay-le-Duc et il réglait au sprint notre groupe à l’arrivée… C’est l’occasion d’échanger quelques mots avec lui, tandis que Philippe quant à lui se remémore qu’il a terminé 2ème de la même cyclo en 2006… Je pense à Isa, un peu plus loin derrière, à qui Laulau a fait dédicacer le maillot collector de la 10ème édition et qui est en train de louper une belle occasion de le rencontrer en chair et en os…

 

Claudio DFU

La surprise Claudio, dans la Bonette !

 

3 km plus loin, je me rends compte que Philippe et moi avons fait le trou sur les autres, nous avons dû accélérer pour accompagner Claudio… Nous le laissons continuer, et je ralentis l’allure car mes puls sont en passe de dépasser la limite de 152 bpm que je me suis fixée pour ne pas me cramer.

Je progresse maintenant seul, j’accélère un peu lorsque la pente s’adoucit, puis dans la seconde partie, je dépasse 1 puis 2 autres fondus dans les pourcentages les plus importants, avant le lac. Philippe me repasse avec une facilité déconcertante, avec son VTT amélioré, je me garde bien de le suivre…

Je profite du replat après la caserne de Restefond pour remettre la plaque mais j’éprouve du mal à prendre de la vitesse. Désagréable sensation confirmée quelques minutes plus tard dans l’interminable contournement de la cime, avec ses pourcentages à 14%... il était temps que ça se termine…

 

117-copie-1.JPG  119.JPG

Le Col de la Bonette, avec la Cime sur la photo de droite, plus haute route d'Europe à 2802 m

 

Bonette1.JPG  Bonette4.JPG

 

Bonette002.JPG  Bonette003.JPG

Quelques photos prises dans la Bonette, au niveau de la caserne de Restefond

 

Les chiffres au sommet : 88,5 km parcourus, 4h44 de route et pointage de la carte à 10h36.

 

Je ne traîne pas au sommet et j’ai rangé l’appareil photo, pour cause de mémoire saturée… Pas de chance !

Je redescends prudemment, j’ai un peu le vertige à regarder le paysage depuis la cime, surtout avec ce vent !

Après avoir croisé les premiers à redescendre alors que j’étais encore en train de me battre avec la pente, je croise maintenant dans ma descente ceux qui continuent de monter, notamment Stevan, puis Laulau et Isa, Denis, Robert… C’est une très bonne ambiance, beaucoup sourient et se lancent des mots d’encouragement…

Après une première partie de descente prudente, où je me fais dépasser par un gars plus rapide, j’arrive à prendre sa roue, puis nous sommes 3 à nous suivre d’assez près et je calque mes trajectoires sur ceux qui me précèdent… J’y prends d’ailleurs un certain plaisir…

 

Jausiers, direction Barcelonnette !

Les autres ne suivent pas, je reste seul pour effectuer ces quelques km désagréables, avec un vent de face de plus en plus fort… ça promet pour la suite…

A Barcelonnette, passage pour le pointage et le remplissage du bidon, c’est Claude Véran lui-même, aux petits soins pour les participants, qui s’en charge !

 

En prenant la direction du col de la Cayolle, je m’arrête au Gite pour me débarrasser de mon coupe-vent. Et manger une pâte d’amande et quelques bonbons Powerbar…

 

Col de la Cayolle – 2326 m

 

Col-de-la-Cayolle.jpg

 

C’est le plus long des cols de la journée, presque 30 km depuis Barcelonnette, mais également l’un des plus accessibles, car à l’exception des 7 derniers km, la pente excède rarement les 5%...

C’est d’abord un long faux-plat jusqu’à Uvernet, où se situe l’autre gros ravitaillement du circuit. Je ne m’y arrête pas lors de ce passage, préférant continuer à allure modérée, le temps de trouver mon rythme, alors qu’on aborde les superbes Gorges du Bachelard.

Dès l’entame des Gorges, je croise un Michel Roux tout sourire qui en termine déjà, et qui fait un petit signe de la main en passant : c’est aussi ça la convivialité du DFU !

J’aperçois devant moi, non loin, Sébastien et son frère, je me rapproche d’eux, mais suis retardé lorsque, voulant ouvrir un peu la fermeture de mon maillot, je m’aperçois que j’ai gardé le cache-col que j’avais pris soin de mettre de bon matin… En restant sur le vélo, j’essaie d’enlever les lunettes, puis le casque, pour enlever le bout de tissu désormais superflu… Mais maladroit que je suis, je laisse échapper les lunettes et suis obligé de stopper et faire demi-tour pour les ramasser. Dans l’affaire je suis rattrapé par 2 gars, qui finissent par revenir à hauteur de Sébastien un peu avant moi. L’un d’eux, de rouge vêtu, s’avérera être Mark Haycraft, bien connu dans le monde de la longue distance, malheureusement je ne le saurai qu’après en avoir terminé…

A nouveau petite discussion avec Sébastien, qui attend son frère pour l’aider à réussir la passe de 7. J’ai désormais la bonne carburation, je continue un temps avec Mark donc, qui finit par lâcher prise sans que je m’en rende compte. J’en termine seul, les derniers km sont plus difficiles, sans trop de répit, avec du 7 à 8% en moyenne.

Le coca tendu au sommet me fait le plus grand bien et je m’assois un moment pour récupérer et retrouver ma respiration avant de me lancer dans la descente, laissant Mark repartir avant moi.

 

Les chiffres au sommet : 149,5 km parcourus, 7h21 de route et pointage de la carte à 13h20.

 

De nouveau, la descente est belle, j’en profite pour travailler mes trajectoires, pas toujours avec succès d’ailleurs. Le passage dans les Gorges du Bachelard est un peu mouvementé, en raison des nombreux cailloux sur la route et d’une circulation dangereuse et de l’étroitesse de la route.

 

A Uvernet, je m’arrête au ravitaillement, pour manger quelques quartiers d’oranges et bouts de banane mais je boude les barres céréales…

Il fait maintenant chaud, mais je continue à porter mes manchettes, pour protéger mes bras de coups de soleil supplémentaires, les sorties précédentes ayant déjà produit leurs effets dévastateurs !

 

Col d’Allos – 2247 m

 

Col-d-Allos.jpg

 

Ca commence mal, j’oublie de repasser le petit plateau, et je mets pied à terre dans le raidard à la sortie de la zone de ravitaillement pour positionner correctement la chaîne de la main…

La portion de route transversale pour récupérer la route du col d’Allos est mauvaise, il faut faire attention où on pose ses roues…

Puis une fois la route du col retrouvée, j’attends un bon moment la borne qui m’indiquera combien de km il reste à faire : ce sera 14,5 km…

L’an dernier, ce col m’avait paru interminable mais il est assez régulier, quelques km à 4 ou 5% viennent permettre de récupérer et reprendre de la vitesse. Si la chaleur est bien présente, il y a fort heureusement de longues zones ombragées pour rafraîchir un peu le bonhomme !

J’égrène un à un les km, si ce n’est les hectomètres pour passer le temps, de temps à autre je croise ceux qui ont plus ou moins d’avance sur moi, toujours les mêmes, toujours le sourire aux lèvres…

Je rattrape un gars du CC Vence qui semble un peu cuit, juste avant le sommet que je rallie sans avoir trop souffert… 5 mn d’arrêt, un bon verre de cola, un coup de poinçon sur la carte de route, et c’est reparti vers Barcelonnette… Le gars de Vence qui n’a pas l’air de vouloir vraiment continuer sur les 7 cols me prévient qu’il va certainement s’arrêter à ce 5ème col… il finira pourtant ses 7 cols ! Quant à moi, j’hésite encore, je remets la décision à plus tard une nouvelle fois…

 

Les chiffres au sommet : 191,5 km parcourus, 9h26 de route et pointage de la carte à 15h30.

 

C’est une belle descente peu technique vers Barcelonnette, rapide. Il y a bien ce passage étroit où je suis bloqué par un gros camping car qui fait face à une voiture, personne ne voulant se ranger… Mais j’arrive à prendre de la vitesse, autant que dans la descente du col de Vars.

 

Barcelonnette, il est 16h05 et c’est le dernier pointage obligatoire avant éventuellement d’enchaîner les 2 derniers cols :

- soit j’en termine là et je gagne 2h30 sur le temps de l’an dernier en ayant avalé 5 cols dont les 2 premiers nettement plus durs que ceux de 2010 ;

- soit je continue et j’entre un peu dans l’inconnu : jamais encore je n’ai effectué autant de km en montagne, tout juste j’ai participé au brevet de 300 km de Gif/Yvette en avril dernier, sur des routes nettement plus plates.

 

Il y a une seule inconnue qui pourrait m’empêcher éventuellement de continuer sur les 7 cols, c’est l’heure de passage à Barcelonnette : après 17h30, l’éclairage devient obligatoire et j’en suis dépourvu. Cette incertitude est levée, j’ai 1h30 d’avance sur cette barrière…

Ce n’est pas le moment de faire le petit joueur : je prends donc la décision de continuer !

Je rentre dans la salle des fêtes pour manger une bricole et boire un nouveau verre de cola puis remplir mon bidon d’eau.

 

Puis je repars. L’idéal serait que je ne reparte pas seul, car la longue descente de 20 km vers le Lauzet-Ubaye, avec un fort vent de face, ne sera pas une partie de plaisir. Coup de chance, un gars de « Sud Vélo » (*) s’apprête lui aussi à partir… Nous décidons de faire route commune, mais j’embraye assez rapidement dès avant la sortie de Barcelonnette et en me retournant, je vois qu’il n’est pas dans ma roue : je l’attends donc un peu et il me dit clairement qu’il ne pourra me prendre de relais à cette vitesse… Bon, ce n’est pas grave, c’est le moment de faire preuve d’altruisme, ça ne me dérange pas de rouler, d’autant plus que j’ai envie de passer le moins de temps possible sur cette boucle, que l’organisateur Claude Véran estime à près de 5 heures de route pour les presque 100 km !

J’ai fait ce parcours avec Laulau 2 jours avant en revenant de la sortie d’accompagnement des cyclos du Paris-Nice sur leur étape Gap/Valberg, sous des trombes d’eau. J’ai donc parfaitement en mémoire les endroits où on peut prendre un peu de vitesse… enfin vitesse, c’est beaucoup dire car les rafales de vent viennent freiner considérablement notre avancée. Nous retrouvons à quelques encablures du Lauzet Mark Haycraft qui prend le train.

28 minutes plus tard, nous voici au pied du col Saint-Jean, nous n’avons pas trainé en cours de route… Je pressens cependant que la suite sera moins drôle.

 

Col Saint-Jean – 1333 m

 

 

 

Ce col, dans ma mémoire, est plutôt roulant. En 2010, il ne m’avait pas posé de problème, mais c’était le deuxième col de la journée. L’organisme était encore frais.

Dès l’entame du col, le gars de Sud Vélo passe devant, je profite de la douceur de la pente pour reprendre un relais. Ce sera le dernier. Et c’est le trou noir !

Comme si les forces m’abandonnaient, je ne trouve plus les ressources pour tenir la cadence de mon compère. Il m’attend, je lui fais signe puis lui dis de ne pas m’attendre, je suis littéralement cuit !

Mark Haycraft attend encore quelques km derrière moi puis me dépose, je suis incapable de me battre plus contre le vent et la pente, si peu relevée soit-elle !

En venant depuis Digne la veille, j’ai calculé le kilométrage de la montée : 11 km depuis le Lauzet jusqu’au col. C’est probablement autant dans la tête que dans les jambes que ça coince, je me sens incapable de tenir aussi longtemps et je m’avoue vaincu d’avance. Et dans le cas présent, nous avons déjà 230 km et 5 cols dans les jambes…

Je prends une allure, la plus tranquille possible, sans forcer, l’essentiel est maintenant d’arriver au bout. Je dépasse un autre gars de Vence, je lui demande s’il a un problème car de loin je l’ai vu descendre et remonter de vélo plusieurs fois, il me répond qu’il est tout simplement carbo…

Non loin du sommet, je croise mes 2 compagnons de route redescendre, ils m’encouragent, c’est sympa…

Enfin, j’atteints le col, où je retrouve Jean-François, qui ne semble pas non plus au mieux. Je me fais servir plusieurs verres de soda et essaie de manger une barre de céréales et des bouts de banane. Quelques longues minutes me sont nécessaires, affalé sur l’herbe, pour récupérer. La respiration est saccadée, j’ai du mal à inspirer profondément. Me levant un moment pour remplir à nouveau mon verre, je sens le sol se dérober sous mes pieds, la tête tourne, je commence à me demander si je vais pouvoir terminer, d’autant plus que le col de Pontis, le dernier col de la journée, est un col dur !

 

Les chiffres au sommet : 242,5 km parcourus, 11h17 de route et pointage de la carte à 17h33.

 

Arrive le gars de Vence à l’agonie, qui s’arrêtera finalement là, puis Sébastien et son frère, alors que je m’apprête à repartir avec Jean-François : je ne suis plus très vaillant, mais je compte sur la descente pour respirer profondément et me refaire la cerise.

Ma stratégie est simple : du braquet dans les descentes et tout à gauche pour les pentes à venir, en restant souple et sans forcer.

Je fais la descente à bloc, si bien que, au moment de tourner avant le Lauzet en direction du Lac de Serre-Ponçon, je n’aperçois plus Jean-François derrière moi. Il ne finira pas la dernière boucle…

Il y a ce fameux tunnel tout noir à passer, sans éclairage. Je prends bien soin de laisser passer les motos derrière moi, et pique un sprint pour éviter de voir surgir un véhicule lorsque je suis dans le tunnel… Quelle horreur ! Puis je longe le lac, d’une couleur inimaginable, le plaisir des yeux vient atténuer la douleur des jambes !

Je passe devant le cimetière du village d’Ubaye, qui fut enseveli lors de la mise en eau du barrage, c’est aussi l’endroit où on entamait la montée du col l’an dernier et l’endroit où on en finira de ce col cette année. Nous devons le prendre dans l’autre sens, pour des raisons de sécurité, la descente étant trop raide dans le sens habituel… ça promet, ça veut dire aussi que la montée sera plus pénible !

 

Auparavant, il y a cette montée du Sauze-du-Lac, avec ses lacets et ses gros pourcentages. 2 jours avant, nous avions récupéré les « Paris-Nice » en faisant le chemin à l’envers. Je l’ai escaladée à bloc, en faisant monter les puls très haut !

Aujourd’hui, j’y suis presque au ralenti, en essayant de ne pas forcer : c’est long, très long !

Puis de nouveau une descente, en passant en contrebas des « Demoiselles Coiffées ». Puis un virage à droite et c’est parti pour le col de Pontis.

 

Col de Pontis – 1301 m

 

Col-de-Pontis.jpg

 

Ce col est une abomination.

Dans l’autre sens, il m’avait juste semblé difficile, mais nous étions nombreux, en pleine forme et j’aime bien les montées en lacets…

Ici, pas ou peu de lacets, la pente augmente assez rapidement pour rarement descendre sous les 8%, avant le village de Pontis. Pontis, justement, je suis heureux d’y parvenir, mais j’ai simplement oublié que le col est bien plus haut… Et le pire de la pente est à venir ! Dès la sortie de Pontis, ça grimpe, presque en ligne droite, avec de légers virages, le premier cachant le suivant, et ainsi de suite…11%, 12%. Je suis furax, me demande si ça ne va pas bientôt finir… Un court instant je mets pied à terre, le compteur vient de m’indiquer 14%. J’en pleurerais… Je redémarre, avec les pires difficultés, normal avec une pente pareille, comment repartir ?!  Du coup, je retrouve des forces dans ma colère froide ! Enfin, le col est là, après un léger replat… Le préposé au pointage est très sympa, je ne vais pas passer mes nerfs sur lui !  Je discute avec lui quelques instants, en dégustant 2 nouveaux verres de soda, lui indiquant quels sont les prochains participants qu’il devrait voir arriver…

 

Les chiffres au sommet : 275 km parcourus, 12h46 de route et pointage de la carte à 19h16.

 

C’est presque gagné, je me sens complètement libéré.

Mais avant de rentrer, il y a cette fameuse descente à négocier.

Une catastrophe que cette descente du col de Pontis : un revêtement lamentable, des gravillons en veux-tu, en voilà, principalement dans les virages en épingle, une pente sans répit… aucune possibilité de prendre de vitesse : je suis crispé sur mes cocottes. 5 km à ce régime-là, c’est presque aussi épuisant que de monter un col, finalement…

Mes muscles sont au bord de la contracture, moi qui ne suis pas sujet aux crampes, je sens qu’il ne faudrait pas grand-chose pour les voir apparaître…

 

Enfin, je retrouve le bord du lac, pour passer l’autre tunnel tout noir, encore une fois en sprintant (effort presque surhumain à ce stade de la journée !), puis 3 km de montée pour retrouver le Lauzet et la route de Barcelonnette. Je croise Jean-François et le gars de Vence dans la voiture, ils ont finalement arrêté avant le dernier col…

 

Retrouvant mes bonnes vieilles habitudes, j’oublie ma douleur pour adopter l’allure la plus rapide possible dans les 20 derniers km (200 m de dénivelé). Ce n’est pas évident et, comble de malchance, le vent est tombé, je n’en profiterai que très peu pour me pousser vers l’arrivée. En revanche, la chaleur s’est également atténuée et c’est assez agréable maintenant, cette petite pointe de fraicheur. Aucun panneau pour indiquer le nombre de km restants jusqu’à Barcelonnette, je me fie à mon compteur pour décompter les km restants…

 

Barcelonnette, il est 20h40, et c’est fait. Me voilà Grand Maître de la confrérie des Fondus de l’Ubaye, dans la douleur, certes, mais heureux de l’avoir fait !

Tout à ma joie, en entrant dans la salle des fêtes, je suis happé par Philippe et Gilbert qui ont réussi leurs 5 cols, déguste une bonne bière et j’en oublie complètement de rendre ma plaque et de faire pointer ma carte !!

C’est au moment de remettre le vélo dans la voiture que je m’en aperçois, je retourne dare-dare au PC avec mon attirail, et même le gars présent avec le listing de pointage a oublié de noter mon arrivée à 20h40 ! Heureusement il se souvient de mon nom et tout rentre dans l’ordre…

 

Douché et abreuvé, j’attends avec Jean-François l’arrivée d’Isa et Laulau qui ont eu un mal fou à descendre, de nuit, le col de Pontis – 5 km à la marche sur des chaussures de vélo, c’est très long !  On les attendait vers 22h00, ils arriveront peu après Minuit. Chapeau !

 

121.JPG

Isa et Laulau à leur arrivée à Barceonnette

 

C’est une journée excellente qui s’achève, où chacun a vécu des moments forts et conviviaux, en pédalant chacun selon l’objectif qu’il s’est fixé, et qui aura permis de récolter pour la lutte contre la mucoviscidose une somme d’environ 9000 euros !

 

Remise brevets DFU

Remise du Brevet

 

Les chiffres de la journée :

Départ : 5h35

308,59 km parcourus

Temps de roulage : 14h02’39

Dénivelé positif ; 7.178 m

FC max : 160 bpm

FC moy : 132 bpm

Vitesse moyenne : 22 km/h

Arrivée : 20h40

Temps total : 15h05

Temps arrêts : 1h03

 

(*) voir sur le Forum de « Sud Vélo-Ne jetez plus » le superbe récit de ce participant (Hervé Mineau), me comparant au Mollah Omar sur sa mobylette, poursuivi par les GI’s !!

 

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commentaires

S
<br /> Bonjour !! Formidable et Bravo!!! J'adore ce type d'aventure. Un de mes objectif est de faire aussi partie du club des cents cols.<br /> <br /> <br /> Je caresse le rêve de ce défi. Je suis un cyclosportif moyen (marmotte en 9h30, les 3 ballons en 9h15) qui participe à 2-3 cyclo par an (Morzine et Annecy cette année) tout en habitant en région<br /> parisienne (Seine et Marne)<br /> <br /> <br /> Cette année, je pense me laisser tenter par ce défi de l'ubaye.. Mais je me déciderai au dernier moment, s'il fait beau (j'ai fait les Cimes du Lac d'Annecy sous la pluie cette année et c'était<br /> terrible..).J'hésite entre les 5 et 7 cols. Je pense avoir la distance des 5 cols dans les pattes (3 ballons...) alors pourquoi pas les 7... mais c'est 300 km<br /> <br /> <br /> Comment t'es tu préparé? Quels développements avais tu (je pense opter pour un 30x26) ? Je suis friand de plein d'infosi tu le pouvais. En tout cas, je pense axer ma préparation ce cette année<br /> vers ce défi<br /> <br /> <br /> Et si tu es d'accord, je met ton blog en lien sur le mien.<br /> <br /> <br /> Sportivement<br /> <br /> <br /> Stéphane LEMAITRE<br />
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L
<br /> <br /> Bonjour Stéphane,<br /> <br /> <br /> C'est une belle aventure que le Défi des Fondus de l'Ubaye, et pour une bonne cause... Jusqu'ici on pouvait s'inscrire sur place, je pense qu'il en sera de même en 2013... <br /> <br /> <br /> Il y a une vraie différence entre 5 et 7 cols (pratiquement 100 km de plus), il faut souvent prévoir l'éclairage pour faire les 2 derniers cols..<br /> <br /> <br /> Ma préparation, c'est d'abord beaucoup de km, entre 7000 et 9000 fin juin et quelques cyclosportives vallonnées (voir sur mon blog les résultats par année pour voir lesquelles), et quelques<br /> séjours en montagne toujours utiles pour acquérir le coup de pédale.<br /> <br /> <br /> Côté développement, en 2011 et 2012 j'avais un 52/39 et 11/28 (qui passe absolument partout toute l'année), avec l'inconvénient de passer de 3 dents en 3 dents (28/25/22), mais j'ai pris<br /> l'habitude. En 2010 j'avais un 12/27. Attention je roule en Rotor et plateaux ovales...<br /> <br /> <br /> Le plus important je pense est de pouvoir faire quelques sorties en montagne assez longues ou à défaut 2 ou 3 cyclosportives sur le grand parcours et de faire au moins une fois tous les 15 jours<br /> (mieux encore hebdomadaire) une sortie longue de 6/7h, car le plus dur est de rester longtemps sur la selle !<br /> <br /> <br /> J'ai fait des comptes-rendus de mes participations en 2010 et 2011 sur mon blog, et j'ai les liens vers les fichiers "STRAVA" à la page des résultats 2011 et 2012, pour donner une idée du<br /> parcours 5 cols et 7 cols.<br /> <br /> <br /> Question organisation, c'est très bien fait, avec des points de contrôle à chaque col et un point central à Barcelonnette où il faut pointer au moins 2 fois pour les 5 cols et 3 fois pour les 7<br /> cols. Des points ravitaillement sont bien disposés et proposent tout ce qu'il faut pour éviter fringale et déshydratation... Seule la paire de jambes de rechange n'est pas proposée ;-)<br /> <br /> <br /> Voilà, bonne préparation pour ce défi ! Il est fort possible que je n'y aille pas cette année, car je participe à Fontainebleau/Hendaye du 12 au 22 juin 2012 et je doute fort que j'aurai envie de<br /> faire 310 km en montagne 1 semaine après cet autre défi !!<br /> <br /> <br /> Sportivement<br /> <br /> <br /> Laurent LESPAGNOL<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> <br /> le DFU une des plus belles randos en France, en plus pour une bonne cause. beau CR et bravo à toutes et tous.<br /> <br /> <br /> la descente peut être parfois très dure en montagne, j'en sais quelque chose avec mes douleurs articulaires et autres blocages dus aux rhumatismes en plus de l'effort,<br /> <br /> <br /> sans cette longue partie à rouler de nuit j'aurai bien tenté le DFU, mais cette année c'était impossible, je n'ai pu faire qu'un seul Cinglé du Ventoux et l'Ardéchoise dans la même semaine.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> bravo pour tous les CR<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Très beaux parcours, ambiance excellente et encore une fois, l'envie d'y retourner l'année prochaine...<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> <br /> Bravo Laulau!<br /> <br /> <br /> Prochain objectif, les bi-fondus!!!<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Merci Denis,<br /> <br /> <br /> C'est une idée, ça !!<br /> <br /> <br /> <br />